Ce jet tabou

Aurait-on épuisé la chose
Que l'on n'en parlât presque plus ?
Qu'on la tût jusqu'aux pages roses,
Que jusqu'à son nom eût déplu ?

Dût-on lui laisser porte close,
La laissant ainsi à la rue,
À se réjouir de sa nécrose,
Heureux de la voir disparue ?

Pourtant, avec elle nul n'ose
Avouer qu'elle est incongrue ;
La morale n'est pas en cause,
En disgracieuse verrue.

Rien en elle ne nous indispose,
Rien qui nous semble saugrenu ;
La bienséance, je suppose,
N'acceptant pas de nous voir nus,

Que pour son plaisir on s'expose
À des jeux loins de la vertu,
Qui n'autorise aucune clause,
Aucun décalage impromptu.

Alors pourquoi cette psychose
À glisser des malentendus ?
Avant que ce tabou n'explose,
Jaillisse alors inattendu,

Avant qu'elle ne nous arrose,
Nous inondant de tout son jus,
Tirons-la de cette névrose,
De ce retrait qui lui échut.

Rendons une gloire grandiose
À qui nous fait sourdre et conclue
Le coït en apothéose !
Avant que le sang ne reflue...

 

Texte écrit le 7 mars 2010

Frédéric NYEL © (alias FredOueb)

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